L’EuroAirport a connu une année mouvementée en 2018. L’aéroport binational a franchi pour la première fois la barre des 8 millions de passagers. De plus en plus proche de ses limites de capacités, l’EuroAirport doit impérativement adapter les infrastructures de son terminal. C’est pourquoi il a lancé des projets d’investissement à court et à long termes. De plus, l’aéroport a pris des initiatives politiques et des mesures radicales en vue d’une réduction efficace des nuisances sonores, en particulier après 23 heures, notamment en raison des retards d’avions de plus en plus nombreux en Europe, qui ont également affecté l’EuroAirport. 

L’EuroAirport a confirmé la tendance des exercices précédents en franchissant pour la première fois la barre des 8 millions de passagers annuels le 4 décembre 2018. L’aéroport affiche 8,6 millions de passagers en fin d’exercice, soit une hausse de 8,7% par rapport à 2017 (7,9 millions). Ce résultat est supérieur à la moyenne des aéroports européens.

Le nombre de mouvements aériens commerciaux (décollages et atterrissages de vols passagers et fret y compris vols charters) a progressé dans des proportions supérieures, à hauteur de 4,3% (2017 : 2,8%). Cette hausse résulte entre autres du stationnement de deux nouveaux avions par easyJet à l’aéroport. Cependant, l’augmentation des mouvements commerciaux reste nettement en-dessous de la croissance du nombre de passagers en 2018 (8,7%).

En tant que plate-forme centrale pour le transport de fret express à l’échelle interrégionale, en particulier pour les chaînes logistiques suisses, sud-badoises et alsaciennes, l’EuroAirport a enregistré l’année dernière une légère augmentation de 0,5%. En revanche, l’activité de fret tout cargo affiche un net recul de -9,9%. En baisse de 0,5%, la part du fret camionné s’inscrit à quelque 47 000 tonnes. Globalement, l’activité de fret diminue légèrement de 1,9% à environ 110 000 tonnes.

Le fléchissement du fret aérien est imputable entre autres au départ d’Emirates SkyCargo en janvier 2018 et à la diminution des vols charters de fret.

Focalisation systématique sur le renforcement des mesures de protection contre les nuisances sonores

Au printemps 2018, l’EuroAirport a fixé deux objectifs à court terme afin de répondre au besoin de repos nocturne des riverains entre 23 heures et minuit, une tranche horaire particulièrement sensible, d’ici la fin 2019. Le premier objectif porte sur la réduction de moitié des décollages vers le sud, le deuxième sur la stabilisation des mouvements aériens. La concrétisation de ces deux objectifs fait l’objet d’une approche partenariale avec tous les acteurs importants établis à l’EuroAirport. Ces objectifs font également partie intégrante du plan de prévention du bruit dans l’environnement 2018-2022 (PPBE) prévu par les autorités françaises, dont la procédure de consultation a pris fin en décembre 2018.

Une première évaluation montre qu’au moins l’un des deux objectifs sera très difficile à atteindre d’ici la fin 2019. Cette difficulté s’explique par des facteurs qui échappent au contrôle de l’aéroport et qui sont responsables de retards massifs au cours de l’été 2018. L’accumulation des retards au niveau des rotations d’avions a également entraîné une augmentation des mouvements aériens entre 23 heures et minuit.

L’EuroAirport a décidé de ne pas attendre les résultats concernant les deux objectifs à fin 2019 pour agir. Il a sollicité auprès du ministère français des transports (Direction générale de l’aviation civile, DGAC) l’examen de mesures supplémentaires de protection contre les nuisances sonores. Les mesures envisagées vont de l’amélioration des performances acoustiques des avions aux restrictions opérationnelles après 23 heures. Ces mesures supplémentaires seront examinées dans le cadre d’une approche équilibrée (« Balanced Approach »), définie par le règlement européen 598/2014 et applicable pour tous les aéroports de l’Union européenne. La décision finale relève du ministère français des transports.

Les horaires d’ouverture existants sont d’une importance centrale pour le modèle opérationnel de l’EuroAirport. Celles-ci garantissent que les avions stationnés à l’EuroAirport peuvent décoller tôt le matin pour atteindre les grands centres touristiques et commerciaux européens et rentrer à la base en soirée. Le fret express est lui aussi tributaire des horaires d’ouverture existants. Ces horaires sont indispensables pour que l’EuroAirport puisse assumer son rôle central dans le cluster logistique de la région trinationale et proposer une offre optimale de connections aux acteurs économiques.

Investissements supplémentaires en faveur de l’optimisation de la qualité de service au bénéfice des passagers

En 2018, l’EuroAirport a investi dans différents projets afin d’augmenter la qualité de service pour les passagers, les compagnies aériennes et les autres entreprises établies à l’aéroport. Des moyens financiers à hauteur d’environ 30 millions d’euros ont été investis essentiellement dans la rénovation des aires de trafic, le réaménagement de l’installation de ravitaillement en kérosène, les travaux d’assainissement des voies d’accès et des places de stationnement, des mesures dans le terminal passagers telles que la rénovation du niveau des arrivées et des installations sanitaires, ainsi que l’établissement de la nouvelle signalétique.

Progrès dans la liaison ferroviaire de l’EuroAirport

Le raccordement ferroviaire est considéré comme un maillon indispensable de deux réseaux de trains régionaux S-Bahn (RER) trinational de l’agglomération de Bâle et TER Grand Est. Pour cette raison, le projet n’accueillera pas à l’EuroAirport de trains longue distance comme le TGV. Concernant l’EuroAirport, le projet n’a pas pour but d’augmenter le nombre de passagers – il ne génèrera qu’environ 4% de passagers en plus selon le communiqué. Son objectif serait de permettre un fort report modal de la route vers les transports en commun pour le bénéfice des passagers et des employés à l’EuroAirport. (Communiqué)

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Le coût environnemental d’une concurrence faussée

Bâle-Mulhouse doit son essor notamment au vols de courte distance, très bon marché grâce notamment à l’absence de taxes sur le kérosène. Les compagnies low-cost ont creusé la tombe de nombres lignes de trains nocturnes et même de ceux à grande vitesse. Il est plus qu’urgent d’intégrer les coûts environnementaux pour tous les transports. Les mesures symboliques et pratiques comme celle de l’Université de Bâle, qui vient d’interdire à ses employés d’utiliser un avion pour les voyages de moins de 1000 kilomètres pour réduire leur empreinte carbone, est excellente mais ne sera pas suffisante pour freiner le dérèglement climatique global. AL