VALAIS-BÂLE-BERLIN – Farinet, un faux-monnayeur au grand coeur, un Robin des bois valaisan? Pas sûr. C’est pourtant l’image qui est parvenue jusqu’à nous. Et les « Amis à Farinet » sont nombreux: le Dalaï Lama, Maurice Béjart, Jane Birkin, l’abbé Pierre...

Ce personnage romanesque inspiré d’un homme bien réel, on le doit au roman de l’écrivain vaudois Charles Ferdinand Ramuz, « Farinet ou la fausse monnaie », publié en 1932. Grâce à lui, la mémoire du contrebandier vibre encore et toujours dans les Alpes comme un hymne à la liberté.

Joseph-Samuel Farinet est né en 1845 en vallée d’Aoste, région des Etats de Savoie devenue aujourd’hui italienne. Il sévira du Valais jusqu’à la région d’Annecy.  Il est notamment condamné par contumace à dix-huit mois pour vols à Aoste en 1869. En 1871, après l’effondrement de la banque cantonale valaisanne, il est arrêté à Martigny et condamné pour fabrication de fausse monnaie à quatre ans de prison.

Le visage de Farinet dans une rue de Berlin. © Bidon-Lavy.
Le visage de Farinet dans une rue de Berlin. © Bidon-Lavy.

«Une ville, avec un évêque, un gouvernement, un château, deux châteaux, des tours, sept ou huit églises, un tribunal, des juges, un jugement rendu, des gendarmes et des geôliers, n’avaient pas pu le retenir, toutes ces choses et ces personnes mises ensemble, tandis que lui était tout seul contre elles toutes. Il était seul, eux quatre ou cinq mille. Mais c’est que leur justice est de l’injustice. Eux, vivent petit là-dessous, ils vivent à l’étroit, ils vivent faux. »

Charles Ferdinand Ramuz, Farinet ou la fausse monnaie

Après plusieurs évasions, la police valaisanne le traque alors qu’il cherche asile à Saillon. Le , on découvre son corps au bas des gorges d’une rivière de Leytron). Selon la rumeur, une balle des policiers l’aurait tué. Une tombe existe au pied du clocher de l’église Sainte-Catherine. Mais cette tombe fut créée pour les besoins du film de 1939 : on ne sait pas où exactement repose le corps de Farinet qui ne fut pas enterré dans l’enclos sacré.

C’est le réalisateur suisse Max Haufler qui l’a l’a porté pour la première fois au cinéma dans Farinet ou l’or dans la montagne. Le rôle de Farinet y est interprété par le français Jean-Louis Barrault. En 1985, une autre version de la vie de Farinet existe dans un téléfilm intitulé Farinet, héros et hors la loi.

La commune de Saillon possède un carré de trois plants de vigne, appelée « la vigne à Farinet ».  Chaque année, des personnalités du sport, des arts et de la politique viennent cérémonieusement la travailler.

En 2013, les graphistes Adeline Bidon et Alban Lavy lancent le projet « Need Money? do it yourself! » pour propager le mythe « en ces temps troubles de la finance toute-puissante ». Une action artistique est réalisée sous l’égide de la galerie Placette à Berlin. La figure apparaît même sur des pancartes lors de manifestations dans la capitale allemande. La même année, les deux artistes lancent une série de t-shirts, d’autocollants et de sacs à l’effigie du faussaire, en anglais et en arpitan, sa langue maternelle.

"Le Farinet", monnaie locale complémentaire valaisanne.
« Le Farinet », monnaie locale complémentaire valaisanne.

Une pièce de théâtre se joue actuellement et jusqu’au 30 décembre à Bâle, au Theater Basel: Farinet oder das falsche Geld, adpatée du roman du Romand Ramuz.

Trailer FARINET ODER DAS FALSCHE GELD from Theater Basel on Vimeo.

Enfin, en 2016, une association se prépare à lancer une nouvelle monnaie locale, bien réelle celle-là, dans le canton du Valais, celle-ci s’appelant… le Farinet! Abattu il y a plus de 100 ans, Farinet n’a jamais été aussi vivant!

À voir: Le Projet Farinet