Riverboom, les formidables aventures de copains reporters en Afghanistan

Road-movie, buddy-movie, gonzo journalisme, Riverboom c’est un peu tout ça à la fois. L’histoire est celle de trois jeunes suisses protestants qui montent dans une voiture pour le vaste et complexe Afghanistan, un an après le 11 septembre 2001, entre ruines, carcasses de chars soviétiques et sublimes paysages.

Serge Michel, c’est le Tintin de l’équipe, reporter intrépide qui trace sa route sur les pas des aventurières Ella Maillart et Annemarie Schwarzenbach dans un Afghanistan censément pacifié par l’intervention occidentale. Ayant vendu des reportages à un grand quotidien français, il sillonne le pays à la rencontre des habitants, paysans et seigneurs de guerre avec comme principe: « plus on est près du danger, plus on arrive à l’évaluer. Donc, plus on est en sécurité ».

Il est accompagné du photographe de guerre Paolo Woods, allègre et insouciant, photographiant superbement l’après-guerre en noir et blanc.

Le troisième homme, c’est Claude Baechtold, le narrateur. Diplômé en typographie de l’ECAL, compagnon de voyage malgré-lui, un peu paumé depuis la mort accidentelle de ses parents, gentiment froussard, il justifie sa présence avec une fausse carte de presse de la télévision suisse romande imprimée chez l’épicier du coin. Il filme le voyage avec une caméra achetée par Serge au bazar de Kaboul… Et photographie de manière compulsive le pays et ses couleurs.

Dans une interview pour le journal Réformés, Claude explique pourquoi il insiste sur l’identité protestante des personnages: « Mes parents étaient des protestants agnostiques de gauche, féministes et pacifistes. On ne parlait jamais de religion à table, sauf pour évoquer Max Weber. Les stigmates de la Réforme m’ont vraiment sauté aux yeux quand je me suis assis sur la banquette arrière de ce taxi afghan entre Serge, prototype du calviniste genevois (le travail passe avant le plaisir), et Paolo, caricature du protestantisme capitaliste hollandais (tout est possible si tu penses positif). Pour eux, traverser un champ de mines pour démasquer les assassins d’une famille pachtoune était une chose naturelle, mais prendre un dessert après une journée de quatorze heures de travail (péché de paresse et de gourmandise!), c’était très grave. »

Les précieuses cassettes vidéo seront portées disparues en Suisse. Ce n’est que vingt ans plus tard quelles seront retrouvées lors d’un déménagement, permettant la réalisation de ce film drôle, rythmé, touchant et didactique à la fois, nous replongeant dans le contexte de l’époque.

Face à l’écran, on a juste envie d’être leur pote et de les accompagner dans leur périple complètement dingue. On ne peut que vous conseille de vous précipiter au cinéma!

Riverboom, un film réalisé par Claude Baechtold, avec Claude Baechtold, Paolo Woods et Serge Michel, 1h35. Au cinéma dès le 30 octobre. En France depuis le 25 septembre.