A Genève, seulement 7% des personnes ayant donné leur nom à une rue sont des femmes. Le projet 100Elles, mené par l’association féministe l’Escouade, en partenariat avec la ville de Genève, vise à (re)donner leur place aux femmes dans l’histoire et dans l’espace public genevois.

Dans le Canton de Genève, il y a actuellement 548 rues qui portent des noms d’hommes et 41 des noms de femmes. Les noms de rue sont pourtant choisis selon deux critères a priori non-genrés: il doit s’agir de personnes ayant marqué de manière pérenne l’histoire de Genève et décédées depuis plus de dix ans. Les hommes sont-ils les seuls à avoir contribué à l’histoire de Genève? En réalité, un ensemble de phénomènes sociaux et culturels ont fait des femmes les oubliées, entre autres, de l’histoire collective et des rues genevoises.

100 plaques alternatives dans 10 quartiers de la Ville

En 2019, cent femmes, remplissant les critères officiels pour obtenir une rue à leur nom, seront mises en avant dans la Ville. Du mois de mars au mois de juillet, tous les quinze jours, dix plaques seront apposées dans un quartier différent, des Grottes à la Vieille-Ville, en passant par Plainpalais et les Eaux-Vives. Pour chacune d’entre elles, des historiennes de l’Université de Genève ont rédigé une biographie à découvrir sur le site internet www.100elles.ch. Des visites guidées organisées dans chaque quartier seront également proposées tout au long de l’année. Les plaques resteront accrochées dans les rues de Genève jusqu’en juin 2020.

Le choix de ces cent femmes s’est fait dans la mesure du possible dans une logique intersectionnelle. Bien sûr, les femmes dont il reste des traces dans la mémoire collective sont souvent celles qui appartiennent à des catégories sociales privilégiées. Malgré cela, le projet 100Elles a tenu à prendre en compte les personnes racisées ou minorisées en raison de leur classe, origine, religion, orientation sexuelle ou identité de genre, dans la mesure où les sources historiques le permettaient.

Vernissage du projet

Le vernissage du projet aura lieu le jeudi 14 mars à 18 heures devant l’Université Ouvrière de Genève, aux Grottes, le premier des dix quartiers à être investi par le projet. Une performance artistique sera proposée par Lynn Briggs, Alexandra Salem et Julia Botelho, puis Mesdames Sandrine Salerno, conseillère administrative de la Ville de Genève, et Laure et Myriam Piguet, historiennes à l’Université de Genève, prendront la parole. Une verrée sera offerte et la soirée se poursuivra ensuite à la Gravière, dans le cadre d’un NoctamBar dédié dès 23 heures.

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Le terme “femmes” désigne ici les femmes et les personnes MOGAI (« Marginalized Orientations, Gender identities and Intersex » / Personnes marginalisées en fonction de leur identité/expression de genre, de leur orientation sexuelle et personnes intersexes).