Ce jeudi à l’aube, les habitants de la commune d’Amatán, dans l’État mexicain du Chiapas, ont appelé à l’aide les organisations de défense des droits humains qui les ont soutenus dans la reconnaissance de leur gouvernement autonome (le droit à l’autodétermination pour les communautés indigènes est légalement prévu par la Constitution mexicaine), dénonçant une attaque paramilitaire. Cet assaut nocturne a fait plusieurs blessés, et 50 personnes sont portées disparues.

Les associations demandent l’intervention urgente du président de la république mexicaine pour résoudre le conflit entre les habitants et leur maire, « élu frauduleusement sous l’étiquette du parti au pouvoir dans le pays, Morena », a-t-il été dit lors d’une conférence de presse dans la ville de Mexico.

« Le contrôle du gouvernement municipal est lié au contrôle de ce territoire à la frontière avec l’Etat de Tabasco, une zone stratégique qui est la porte d’entrée et de sortie pour l’Etat de Chiapas. Ce territoire est stratégique pour le crime organisé qui maîtrise cette voie de communication utilisée pour le trafique de drogue et la traite des êtres humains, entre autres activités illégales » a déclaré Leonel Rivero, avocat et défenseur des droits humains à Aristegui Noticias.

Les frères Mayorga, dont l’un est l’actuel président municipal, se maintiennent « légalement » au pouvoir dans la municipalité, à tour de rôle, et changeant d’étiquette politique, suivant le pouvoir en place au niveau fédéral. Leonel Rivero indique que selon les témoignages, les autorités dirigées par la fratrie « ont été impliquées durant des années dans des actes criminels. Ces faits sont connus par les autorités estatales et fédérales, et par la présidente nationale du parti Morena. » Il conclu que « ces autorités auraient pu agir, mais ne l’ont pas fait. Malheureusement, leur inaction a amené a ces conséquences tragiques et irréversibles ».

Le Centre Antonio Esteban pour les droits humains a par ailleurs annoncé la disparition depuis la prise de contrôle du territoire par les paramilitaires de l’un de ses deux observateurs, Silvano de Jesús Roblero de los Santos, qui documentait les cas de violations aux droits humains à Amatán depuis 14 mois. « Nous exigeons des autorités qu’elles interviennent, retrouvent  Sylvano en vie, ainsi que les 49 autres personnes portées disparues. »

Pour comprendre les faits, vous pouvez (re)lire notre reportage réalisé par notre envoyé spécial le 30 novembre 2018:

Face à la violence et malgré le nouveau président, des communautés mexicaines choisissent l’autodétermination

Photo: Les habitants d’Amatán participent à l’élection du Conseil Populaire de Gouvernance Légitime devant la mairie. 30.11.18.