Martha Érika Alonso, gouverneure de l’Etat mexicain de Puebla, et son mari, le sénateur Rafael Moreno Valle, sont morts ce 24 décembre dans un accident d’hélicoptère alors qu’ils se rendaient à un souper dans la capitale du pays.

Le pilote et le copilote de l’hélicoptère ainsi que l’assistant du sénateur ont également péri lorsque l’appareil s’est abîmé pour des raisons encore inconnues, à peine dix minutes après le décollage, dans une milpa de la commune de Santa Maria Coronango, près de la ville de Puebla.

Mme Alonso s’était présentée aux élections générales de juillet  pour prendre la succession de son mari Rafael Moreno Valle, qui fut lui-même le très controversé gouverneur de 2011 à 2017, régulièrement accusé de corruption.

Récemment, le sérieux hebdomadaire Proceso a révélé qu’un réseau secret « dirigé par un député fédéral non seulement enregistrait les conversations téléphoniques d’opposants citoyens ou politiques, mais en plus les localisait pour les mettre en prison ou les exécuter ».

La journaliste et défenseure des Droits humains Zvezda Ninel Castillo, rappelle que des dizaines de personnes ont été forcées « de passer plus d’un matin de Noël derrière les barreaux alors qu’ils ne méritaient pas d’être des prisonniers politiques: des gens comme Delfino Flores Melga, un militant social âgé de nonante ans, et qui a construit des quartiers populaires, est décédé pour avoir chuté de son lit dans une prison où Moreno Valle l’avait fait enfermer pendant plus d’un an pour une affaire fabriquée de toutes pièces. Une peine de mort lente qu’il souhaitait également appliquer à Francisco Castillo Montemayor, âgé de septante-cinq, ans pour avoir critiqué la destruction d’un parc naturel, Flor del Bosque. Ou a Enedina Rosas Vélez, de soixante-neuf ans, parce qu’il s’était opposé à la construction d’un gazoduc. Citons encore Rubén Sarabia dit Simitrio, de huitante-quatre ans, dont la fille Meztli Sarabia a été assassinée de quatre balles pour l’exemple alors qu’il était encore en prison. »

Martha Érika Alonso, membre du Parti conservateur Action Nationale (PAN), après une élection entachée par deux homicides, le vol de bulletins de vote et le bourrage et le vol d’urnes, ainsi que par des fusillades, a été désignée par les juges du Tribunal électoral fédéral par 4 voix contre 3, considérant que les faits cités n’étaient pas suffisants pour remettre en cause la bonne tenue du scrutin.

Première femme à occuper la fonction de gouverneure dans cet Etat, Martha Érika Alonso a donc prêté serment le 14 décembre lors d’une cérémonie qui s’est déroulée sans la présence du Président de la République, Andrés Manuel López Obrador, dit AMLO, élu d’un parti social-démocrate.

Il n’en fallait pas plus pour éveiller la suspicion d’un certain nombre d’électeurs de droite qui y voient une exécution orchestré par le chef d’Etat. Celui-ci a assuré : « Je m’engage à enquêter sur les causes » de cet accident, et « dire la vérité sur ce qui s’est passé ». Dans le cadre de cette enquête, le Mexique demandera l’appuis des agences spécialisées américaines, comme le FBI ou l’agence fédérale américaine pour la sécurité dans les transports (NTSB), a annoncé un procureur-adjoint du parquet général du Mexique, Roberto Ochoa, au cours d’une conférence de presse.

D’autres versions circulent comme l’idée que l’accident aurait été orchestré par le propre parti des deux époux, le PAN. Face à la confusion générale, des militants des droits de l’hommes du collectifs Hermanos Serdán ont demandé dans un communiqué à ce que non seulement toute la lumière soit faite dans cette affaire notamment en réalisant des test ADN, mais également que le gouverneur par intérim qui sera choisi soit totalement indépendant des partis politiques et avec une réputation éthique, politique et morale indiscutable. Face au discrédit dont font l’objet le Tribunal et l’Institut estatal électoral, le collectif propose que, dans un souci de transparence, le Tribunal fédéral électoral se charge de l’organisation de la future élection.

Enfin, Hermanos Serdán demande à ce que « les citoyens se mobilisent pour l’assainissement, le renouvellement et la démocratisation de la vie politique, sociale, économique et culturelle de notre État et de ne pas laisser son avenir entre les seules mains des partis. »