Deux associations de riverains appellent dans un communiqué commun l’aéroport binational de Bâle-Mulhouse-Freiburg à agir contre les désagréments causés par le trafic aérien. Concrètement, ils demandent une réduction des opérations aériennes et le partage équitable des charges entre la Suisse, la France et l’Allemagne.

Construit sur territoire français en 1948 pour remplacer l’aérodrome de Bâle-Sternenfeld devenu trop petit, l’Euroairport, de son nom commercial – développe avec un succès croissant ses activités de transport bon marché et de fret accueillant jusqu’à 9 millions de personnes en 2019.

L’association alsacienne de Défense des Riverains de L’Aéroport de Bâle Mulhouse (ADRA) et la Bürgerinitiative südbadischer Flughafenanrainer (BISF), soutenues par de nombreuses organisations des trois pays riverains comme Greenpeace Bâle ou actif trafiC/umverkehR, interpellent les autorités suisses et française, fédérales ou nationales, mais aussi régionales et locales « afin qu’ils prennent leurs responsabilités ».

L’Euroairport, qui est actuellement inférieur d’environ 15% au volume de trafic de 2019, vise désormais à revenir au niveau d’avant la pandémie, soit environ 100’000 mouvements de vols et un bon neuf millions de passagers par an.

Les associations rappellent l’impact pour la santé des populations comme le bruit et la pollution de l’air, ainsi que l’accélération du changement climatique, mais aussi de la pollution lumineuse, sans oublier l’artificialisation des sols lors de l’inévitable extension des infrastructures poussée par la croissance du secteur aérien. Selon le communiqué, non seulement « les mesures réglementaires sont sont insuffisantes et inefficaces » mais surtout « l’aviation est le seul secteur des transports qui n’a pas encore réduit ses émissions de gaz à effet de serre ».

Pour les initiateurs, la Suisse protège ses citoyens en concentrant les nuisances des côtés français et allemand

L’aéroport voulu par le canton de Bâle-Ville est implanté sur territoire français et la Suisse a réussi à prendre au fil du temps des mesures de protection contre son survol, les nuisances aéroportuaires ayant été reportées « de façon disproportionnée en France et en Allemagne », indiquent les organisations, en citant par exemple le financement de l’extension de la piste principale en 1974 qui était lié à une interdiction partielle de survol du territoire suisse. En 1998, la Suisse a alors imposé « un accord tacite » qui limitait les décollages directs via Bâle à huit par jour et prolongeait le repos nocturne de 22 heures à 7 heures du matin. Enfin, en 2008, le nombre d’atterrissages sud a été limité à dix pour cent, et depuis 2018 de nouvelles procédures ont concentré les routes de départ sur le sud de l’Alsace.

Le communiqué note enfin que le transport aérien est le seul secteur des transports qui n’a pas réduit ses émissions de gaz à effet de serre. « D’ailleurs, précise-t-il, le Canton de Bâle-Ville n’intègre pas le CO2 engendré par les activités économiques suisses de son aéroport dans son bilan carbone (Net Zéro 2037) ».

L’ADRA et la BISF demandent donc « le respect strict du repos nocturne de 23 à 6 heures », « la réduction du trafic pour préserver la santé des populations et lutter contre le changement climatique« , « des trajectoires moins bruyantes et polluantes et un juste partage des nuisances » et enfin « un moratoire sur la Nouvelle Liaison Ferroviaire et sur l’extension de l’aéroport ».

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