Le parlement régional de Berlin a voté à une large majorité le gel des loyers pour une période de deux à cinq ans, dans une ville où ils ont souvent doublé ces dix dernières années. Une première en Allemagne.

Après deux ans, la hausse annuelle sera limitée à 1,3% pendant trois ans. Le prix au mètre carré ne pourra pas dépasser 9,80 euros, avec une variabilité possible selon l’âge des bâtiments et le quartier. Les logements sociaux et nouveaux appartements qui n’ont pas encore été loués seront exclus du dispositif.

Le but recherché par le parlement de la ville où la gauche – une coalition entre les sociaux-démocrates, les héritiers du parti communiste de l’ex-RDA et les Verts – est majoritaire, est de ralentir la gentrification galopante d’une ville qui s’est reconstruite autour d’une importante scène créative et alternative mais dont l’équilibre est mise à mal par la spéculation immobilière et les grands projets d’infrastructure qui y sont liés.

« Nous avons créé un instrument qui mettra fin à la hausse aberrante des loyers au cours des cinq prochaines années », a déclaré Katrin Lompscher, sénatrice berlinoise en charge du développement urbain et du logement. « C’est notre travail de représentants politiques que de créer les conditions de base pour que les salariés des classes inférieures et moyennes puissent continuer de vivre à Berlin. »

Il faut dire qu’à Berlin seuls quinze pour cent des habitants sont propriétaires de leur logement contre huitante-cinq pour cent de locataires. Avec cette nouvelle loi, les 375’000 ménages qui ont un loyer dépassant de 20 % le plafond fixé pourront demander une baisse de loyer qui pourra diviser par deux le prix dans certains quartiers prisés comme c’est le cas de Kreuzberg. En cas de non-respect, l’amende pourra s’élever jusqu’à 500’000 euros selon les cas.

En septembre 2019, la ville a décidé de reprendre le contrôle d’une partie de l’habitat qui avait été privatisée après l’annexion de l’Allemagne de l’Est. Une centaine d’appartement de la très centrale Karl-Marx-Allee avaient déjà été rachetés en juillet suivis par près de 6’000 autres dans deux quartiers du nord-ouest, Reinickendorf et Spandau. « C’est la plus grande resocialisation de toute l’histoire de Berlin », avait alors commenté Katrin Lompscher.