Au Chili, pays en plein soulèvement populaire contre le gouvernement, les pointeurs laser sont devenus un dispositif puissant pour éviter d’être identifiés par les drones et les hélicoptères de surveillance des forces de sécurité du président Sebastián Piñera.

Ce rayon de lumière verte, utilisé par exemple dans la vie quotidienne pour pointer certains éléments d’une présentation projetée ou pour identifier les constellations, a maintenant un autre usage: il est entré dans l’attirail des Chiliens qui se sont soulevés le 18 octobre 2019 contre la politique néolibérale du gouvernement et qui continuent de le défier sur la Plaza Italia à Santiago malgré les 20 morts, les plus de 2000 blessés dont environ 200 éborgnés « pour l’exemple ». Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux ont en effet montré comment des manifestants, dans une « attaque » de faisceaux lumineux, ont fait se crasher un drone qui survolait la place.

La police nationale a fait savoir que cela constituait « un délit sanctionné par le Code aéronautique, parce qu’il met potentiellement en danger la sécurité du vol et la santé de l’équipage », les rayons éblouissant les pilotes des hélicoptères qui peuvent perdre le contrôle des appareils et s’écraser sur la foule.

Cette stratégie n’est pas nouvelle. Elle est en quelque sorte l’héritage du soulèvement égyptien en 2013, lorsque le peuple l’utilisa pour repérer les positions du tireur d’élite ou de la police sur le toit des bâtiments. S’en est suivi la chute du président Mohammed Morsi et des milliers de personnes ont célébré la chute du gouvernement de sur la place emblématique Tahrir avec des rayons laser.

Les pointeurs laser utilisés en tant qu’arme de protestation ont fait leur réapparition à Hong Kong en 2019 contre la reprise en main de l’ancienne colonie britannique par le pouvoir central chinois. C’est l’arrestation pour « possession d’armes » d’un leader étudiant qui portait des pointeurs laser qui a popularisé ces appareils lors des marches qui sont aussi utilisés pour identifier les policiers et aveugler les objectifs des appareils photo numériques qui servent aux forces de l’ordre à repérer et à ficher les manifestants.