Ségrégation socioculturelle au Mexique: 8’000 indigènes sont en prison, sans interprètes ni avocats

Les États qui concentrent le plus d’Amérindiens dans le système pénitentiaire national sont Oaxaca, Chiapas, Puebla, Veracruz, Mexico, Chihuahua et Guerrero. Beaucoup ne parlent pas la langue dominante, l’espagnol, et subissent une ségrégation pour leurs caractéristiques socioculturelles.

La Commission de la justice de la Chambre des députés exhorte le procureur général de la République mexicaine à voter les lois qui s’imposent pour plus de huit mille indigènes emprisonnés, confrontés à de nombreuses incohérences et failles juridiques, et dans des conditions très problématiques: l’absence d’avocats pour les défendre et d’interprètes pour comprendre et se faire comprendre. Il s’agit de garantir la régularité des procédures en cas d’arrestation, de permettre de leur dire quels sont leurs droits grâce à l’assistance d’interprètes et d’avocats connaissant le contexte socioculturel des prévenus, dont les langues maternelles sont essentiellement le nahuatl, le zapotèque, le maya, le tzeltal et le tzotzil.

Il est également demandé à la Commission nationale des droits humains (CNDH) de prendre des mesures réelles et efficaces, de manière à ce que, notamment, un programme de diffusion à la télévision et à la radio, ainsi que dans la presse écrite, vise à orienter et informer la communauté autochtone de ses droits en cas de détention.

Le législateur, membre de la Commission de la justice, a indiqué que le Mexique est un pays d’une grande diversité culturelles avec 68 langues autochtones reconnues. Toutefois, seuls 6,5% de la population de trois ans et plus parle l’une de ces langues, soit environ sept millions quatre-cent mille personnes. Près d’un million d’entre eux parlent ne parlent pas l’espagnol.

Lire aussi:

Au Mexique, les Zapatistes fêtent l’auto-gouvernement le plus long de l’histoire moderne

La Commission demande que « lorsqu’une personne autochtone demande à exercer ses droits, l’autorité juridictionnelle se doit de lui permettre de lui répondre immédiatement et dans sa langue maternelle. »

Le racisme de la majorité métisse envers les minorités indigènes et le classisme, normés et intériorisés par la population mexicaine sont un grand problème sociétal, vecteur de grandes injustices qui ne sont pas forcément reconnues comme telles.

Par ailleurs, un certain nombres de personnes sont considérés comme « prisonniers politiques » pour avoir notamment défendu leurs terres ou l’environnement contres des grands projets d’urbanisme, industriels, miniers…

Le nouveau président social-démocrate élu en 2018, Andrés Manuel López Obrador avait promis de lutter contre le capitalisme néolibéral. Mais de nombreuses organisations sociales et environnementales dénoncent des « projets de mort » soutenus ou impulsés par le nouveau gouvernement, notamment dans les territoires indigènes où est censé s’appliquer le droit à l’autodétermination, bafoué.

Lire aussi:

Face à la violence et malgré le nouveau président, des communautés mexicaines choisissent l’autodétermination