Rémi Gay, peintre abstrait lyrique lémanique, est né en 1941 et décédé en novembre 2015 dans le Grand Genève. Le journaliste Christian Gallay lui rend hommage.

Rémi, tu considérerais certainement comme un outrage à ta discrétion que de vouloir  rendre hommage à ton art et à ta personne. Tu nous as quitté sur la pointe des pieds, mais il serait indécent de taire tout ce que tu as apporté à la vie culturelle des lieux où tu t’es investi.
Tu savais dire ton attachement et ta reconnaissance aux périodes-clefs de ta vie.

D’abord Saint-Jeoire où tu es né en 1941 et où tu as grandi, imprégnée par la richesse culturelle, musicale littéraire et picturale de l’Art au Village, fondé par ton père, Paul Gay. Tu te lies avec des grands noms de la création artistique : Lafoucrière, Kjino, Artias, De Feline, Revel, Ginet, Gastaud, Féraud et bien d’autres.

Tu pars ensuite une dizaine d’années à Paris où tu te frottes à la vie culturelle parisienne surtout autour du Ranelagh, salle de cinéma où tu émarges.  Tu concrétises ce que tu as toujours décidé d’être  depuis ton plus jeune âge, artiste peintre, ce que tu seras jusqu’au bout même à la retraite, tout en occupant des postes parallèles pour gagner ta vie.

Rémi Gay (à gauche) en compagnie de l'écrivain René Fallet et de la graphiste Jany Lavy, dans le Chablais savoyard et les années septante.
Rémi Gay, à gauche, en compagnie de l’écrivain René Fallet («La Soupe aux Choux», «Le Beaujolais Nouveau est Arrivé») et de la graphiste Jany Lavy, dans le Chablais savoyard. Années septante.

Tu reviens en Savoie et tu t’installes au Moulin du Redon, à Séchex. C’est là que tu vas rayonner par ta douceur, ton humour, ton goût de la vie, et ta perspicacité à défendre résolument l’authenticité de l’art sous toutes ses formes. Tu le fais, bien sûrs dans ton activité de discothécaire  à la Maison des Arts puis à la Bibliothèque Municipale de Thonon au côté de Pierre Caran, mais surtout  au Moulin où tu accueilles foule d’artistes de tes rencontres antérieures ou des après-manifestations de la Maison des Arts. C’est aussi dans la grande salle du moulin le lieu de réunion de la vie culturelle locale (le Groupement d’Action Culturelle, le groupe Dire, Le Rassemblement des Inconditionnels de la Rigolage Explosive…), le lieu de spectacles et de concerts, le lieu d’exposition permanente des œuvres de tes amis artistes et de tes propres œuvres et aussi le lieu de soirées festives où tu étais entouré de très nombreux amis. Tu as choisi de nous quitter dans un peu plus de solitude, acceptant le soutien de tes deux enfants, Alban et Adrian,  de ta famille et de quelques proches.

Tu vas terriblement manquer à tous les espaces que tu as occupés, mais tu laisses une empreinte indélébile dans le cœur et l’esprit de tous ceux qui t’ont côtoyé.

Christian Gallay

«Dans sa peinture, faite d’éruptions, on peut voir des taches, des sillons, des éléments qui s’élèvent, des embrasements qui jaillissent. Un hasard maîtrisé engendre l’œuvre. Les formes semblent dialoguer entre elles. Les couleurs, chaudes et franches, composent des espaces de joie. Tout est léger dans cet art dynamique, raffiné et libre – à l’image de son créateur. Peu à peu, ses toiles de fougue et de feu ont montré que Rémi Gay était l’un des plus authentiques peintres savoyards de son temps.»

Stéphane Rochette in “Les Peintres de la Savoie”, Magland, éditions Neva, 2015.

Abstractions lyriques, 2009, 2014.
Abstractions lyriques, 2009, 2014. Collection particulière.

 

UN Special, Genève.