Les trottinettes électriques en libre service roulent dans de nombreuses villes de Suisse et du monde, sur la route comme sur les trottoirs, souvent sans se soucier des feux tricolores ou des piétons. Leur espérance de vie est très limitée et elles finissent souvent dans la flotte, comme cela a été documenté à Zurich ou à Lyon. C’est dans cette dernière ville suite à la dénonciation et à la colère sur les réseaux sociaux, qu’une association de plongeurs écologistes a organisé une opération de récupération: le 15 septembre, plus d’une centaine de trottinettes ont été repêchées.

Pourtant, si pointer du doigt le vandalisme paraît au premier abord évident, c’est surtout au modèle économique capitaliste actionnarial qu’incombe la responsabilité, comme l’explique le journaliste et sociologue Guillaume Erner sur France Culture: « les différentes startups spécialisées en mobilité sont à peu près persuadées de ne jamais gagner d’argent avec leur activité. (…) Alors vous allez me dire mais quel est l’intérêt ? Aucune boulangerie n’ouvre en étant certaine de perdre de l’argent. Oui mais les boulangeries ne s’introduisent pas en bourse et c’est ça la différence. En réalité, les fondateurs de startups proposant trottinettes, vélos en libre-service ou voitures sans chauffeur savent évidemment qu’ils ne gagneront jamais un rond avec leur activité. Mais ils ne sont pas là pour ça, ils sont là pour gagner de l’argent en vendant des actions. (…) »

Repêcher les trottinettes ou de manière générale allonger leur durée de vie n’a donc aucun intérêt pour ces sociétés, leur but étant de continuer à trouver assez d’acheteurs pour leurs actions auréolées du « développement durable » et de la « mobilité douce »… « Et c’est ainsi que les pigeons se volent les uns les autres pour le plus grand bien de ce capitalisme actionnarial : plus ils perdent de l’argent, plus leur actionnaire en gagne », conclut Erner (sa chronique complète peut être écoutée ici).

Par ailleurs, d’après des chercheurs de l’Université de Caroline du Nord, les trottinettes électriques émettent plus de gaz à effet de serre par passager qu’un passager de bus. Il faut dire qu’elles fonctionnent grâce à des batteries au lithium, un minéral dont l’extraction demande énormément d’énergie, mais aussi pollue lourdement et durablement l’eau et la terre. Et tout cela pour une durée de vie de seulement 28,8 jours d’utilisation en moyenne, à cause de l’utilisation de matériaux de mauvaise qualité pour leur fabrication et des actes de vandalisme.

 

Photo d'accroche: Baldesteinemanuel326 Creative Commons