L’exposition « Vivant — bien plus que des mondes humains », au Museum der Kulturen de Bâle, insuffle la vie à toutes et tous les habitants de ce monde et propose des idées pour repenser la coexistence, dans le but d’offrir un avenir à la Terre.

Les Mimis sont des êtres semblables aux humains, aux corps extrêmement fins et allongés, qui vivent dans un monde parallèle au cœur des falaises australiennes. Leur monde est lui aussi composé de fleuves, d’arbres et d’un soleil, comme le montrent les peintures sur écorce. Ils partent à la chasse et organisent des cérémonies. Les Mimis sont timides et normalement bienveillants. Mais si on les effraie, ils peuvent punir les humains par des maladies.

Il convient donc d’être en bons termes avec les Mimis. Mais ce ne sont pas les seuls esprits du monde avec lesquels entretenir une coexistence paisible est important. À partir du 8 septembre, l’exposition « Vivant – bien plus que des mondes humains », au Museum der Kulturen Basel (MKB), propose d’en découvrir davantage : les esprits de l’éclair et de l’eau en Australie et au Mali, ainsi que les esprits des légumes et des fruits au Mexique. Ces derniers sont représentés par des silhouettes en papier découpé. Leur dépliage rituel permet d’activer les forces des esprits et ils font croître les plantes.

La communication entre ces êtres et les humains est souvent assurée par des objets, comme des tambours à fente, des offrandes ou des autels. À travers 140 objets de la collection du MKB, la curatrice Ursula Regehr nous dévoile comment d’autres cultures vivent avec les montagnes, les fleuves, les arbres, les animaux, les champignons, les microorganismes ou justement les esprits et l’expérience qu’ils en tirent. Ces vécus illustrent comment nous, humains, pouvons façonner autrement notre relation avec le monde qui nous entoure.

Histoires d’arbres

De nouvelles perspectives, de nouveaux chemins sont nécessaires pour sortir la Terre de la crise provoquée par les humains, afin de ralentir, de stopper les conséquences, comme le réchauffement climatique ou l’extinction massive de plantes et d’animaux. Cette exposition souhaite inciter les visiteuses et visiteurs à repenser une nouvelle coexistence entre tous les êtres de ce monde. Une installation faite de sacs en filet issus des trois continents les invite à s’emparer des histoires et des idées, à les emporter et à les partager.

L’un des précurseurs fut le militant écologiste bâlois Bruno Manser. Pour la première fois, le MKB présente vingt pages de ses journaux, dans lesquels il consigna le quotidien des Penan de Bornéo à travers des mots et des dessins aux détails très fidèles. Inspiré par sa lutte pour la conservation de la forêt tropicale, l’Institut für Textiles Forschen de Bâle (Institut pour la recherche textile) a créé un arbre géant tressé que les visiteuses et visiteurs peuvent continuer à nouer. L’objectif est qu’ils prennent ainsi conscience de comment tout et tous sont liés les uns aux autres dans le monde. Ou bien, pour reprendre les mots de Bruno Manser, que « notre Terre, sous toutes ses formes, fonctionne
comme un organisme vivant dans lequel une chose est en lien avec une autre ».

Un exemple particulièrement impressionnant dans l’exposition est l’arbre sculpté thulu, qui est bien plus qu’un arbre pour les communautés Kamilaroi d’Australie. C’est un ancêtre, un membre de la famille. Il incarne les pratiques et le savoir rituels. Simultanément, il évoque le traumatisme de la colonisation. Lors d’une cérémonie en décembre 2022, ses descendants ont rétabli le lien entre l’arbre et les communautés – les visiteuses et visiteurs peuvent en suivre le déroulé grâce à une vidéo. D’ailleurs, l’arbre doit rentrer chez lui.

Plus d’infos sur le site du MKB