A-t-on encore besoin de présenter Sea Shepherd? Créée par une dissidence au sein d’un Greenpeace jugé trop focalisé sur la communication au détriment de l’action directe, l’ONG est engagée notamment dans la lutte pour sauver les océans: contre la chasse à la baleine et la surpêche, ne reculant devant peu de modes d’action pour faire appliquer les lois. Du 19 au 22 septembre, deux capitaines activistes feront escale en Suisse pour présenter les campagnes de l’ONG Sea Shepherd Global. Mais pourquoi le célèbre capitaine Paul Watson, fondateur historique, est-il le grand absent?

Depuis 2022, l’organisation est en proie à des dissentions internes grave à tel point que le capitaine Paul Watson a démissionné de l’antenne nationale états-unienne tout en restant directeur du conseil d’administration de Sea Shepherd Global qui chapeaute les branches nationales de l’organisation… Duquel il a été par la suite évincé.

Une différence de vision sur le mode d’action à employer menant à la création de la Fondation Captain Paul Watson et Sea Shepherd Origins, emmenant dans son sillage les antennes nationales anglaise, brésilienne, française, hongroise et néocalédonienne. La nouvelle Sea Shepherd établie en France se veut « le gardien du temple, un label d’authenticité des valeurs de Sea Shepherd », déclare la présidente de l’antenne française Lamya Essemlali, L’objectif est de permettre à tous ceux qui soutiennent Sea Shepherd pour son esprit combatif de s’y retrouver. »

Un esprit « combatif et sans compromissions »

Paul Watson se présente volontiers comme un « humble fanatique » prêt à mourir pour la cause: « Les navires n’ont jamais été dirigés de manière démocratique, c’est cette règle qui nous a permis de rester fidèles à notre esprit d’origine et de ne pas diluer notre âme combative dans la compromission », déclarait-il au journal Le Monde en 2012.

Pourtant, ces dernières années l’ONG s’est beaucoup assagie en développement des partenariats avec différents États comme par exemple le Gabon, le Liberia ou encore le Mexique, prêtant ses navires et équipages à aux garde-côtes des pays demandeurs. Ainsi serait résolu le problème de la légitimité à agir. « La branche états-unienne a voulu changer le curseur et faire des partenariats avec les gouvernements une priorité. Or, qui dit partenariats avec les gouvernements, dit garde-fous. On a senti chez [Sea Shepherd] Global une tendance de plus en plus fébrile à éviter toute critique des gouvernements », estime Lamya Essemlali, citée par le média en ligne Slate dans un article éclairant sur l’affaire.

Le litige continue également devant les tribunaux puisque Sea Shepherd États-Unis, chapeauté par Sea Shepherd Global, a attaqué la nouvelle Sea Shepherd Origins de Paul Watson pour « concurrence déloyale » en espérant interdire à ses anciens coéquipiers l’utilisation du nom et du logo de l’organisation.

« Cornelissen et Hammarstedt [les responsables de l’ONG ayant débarqué Watson, ndlr] veulent simplement que les gens oublient qui je suis, explique Paul Watson. C’est pourquoi ils ont supprimé mon histoire, ma photo et ma biographie du site Web de l’organisation que j’ai créée ». Dans le but, selon lui, de « changer ce que nous avons toujours été » pour une nouvelle version « non conflictuelle, non compromettante ».

Sea Shepherd Global se présente aux Romands

Du 19 au 22 septembre, ce sont donc deux capitaines de Sea Shepherd Global, Alex Cornelissen et Peter Hammarstedt, qui seront présents lors d’un cocktail dînatoire afin de lever des fonds pour les prochaines campagnes de l’ONG.

Peter Hammarstedt rentre tout juste de l’opération « Antartica Defense », qui a pour objet de « protéger l’écosystème fragile et vital de l’Antarctique ». De 2004 à 2014, ce dernier a passé son temps sur le mythique Bob Barker, le navire le plus redouté par les baleiniers japonais en son temps. Le communiqué indique qu’en 10 ans de campagnes, « la flotte de Sea Shepherd aurait ainsi sauvé la vie de plus de 5 000 baleines dans le Sanctuaire baleinier de l’océan Austral ». Il sera accompagné du patron de Sea Shepherd Global, le Capitaine Alex Cornelissen, qui a participé à plus de 25 campagnes, dont 5 en Antarctique.

Paul Watson fulmine: « alors que Cornelissen et Hammarstedt siroteront des cocktails à Lausanne, les gens présents devraient se demander où je me trouve et pourquoi j’ai été illégalement évincé du Conseil d’administration mondial de Sea Shepherd sans réunion, discussion et sans vote, tout comme Lamya Essemlali, la présidente de la section française, parce qu’elle posait des questions sur les dépenses de campagne auxquelles Cornelissen et Hammarstedt ont refusé de répondre. »

L’ombre du fondateur planera sans aucun doute sur la rencontre romande. Ce dernier, loin de déposer les armes, a acheté un premier bateau pour sa nouvelle organisation, le John Paul DeJoria II, qui a été baptisé en juin dernier à New York, lui permettant de continuer le combat.

Agenda

  • Repas de soutien le 19 septembre 2023 au Café Mutin – Genève
  • Gardiens des Océans : rencontre avec les capitaines le 20 septembre 2023 au Tibits – Lausanne
  • Projection : Chasing the Thunder & Discussion le 21 septembre 2023 au Cinéma Apollo – Neuchâtel
  • Ciné ONU « Trafficked – Fish Pirates » le 22 septembre 2023 au Cinérama Empire – Genève

Mise à jour 14.09.23 à 09:10