Dans un communiqué, l’Institut national mexicain de la migration a annoncé avoir suspendu ce mardi l’accès pour les défenseurs des droits humains aux centres de détention où s’entassent des milliers de migrants qui souhaitent rejoindre les États-Unis.

Pour le service étatique, suite à la dernière vague de migrants – entre 2000 et 3500 personnes en provenance d’Amérique centrale pour la plupart – l’augmentation « considérable » de la demande d’admission d’associations de défense des droits humains risque « d’entraver le fonctionnement des installations ». Mercredi, face à l’indignation internationale, le gouvernement a dit vouloir faire marche arrière.

L’article 226 de la loi sur les migrations stipule que tout migrant qui se trouve dans un centre de détention a le droit de recevoir la visite de membres de sa famille ou de « représentants d’organisations non gouvernementales ». Jusqu’à présent, ces organisations disposaient de permis d’accès permanents et d’un calendrier de visites convenu avec l’institution. 

Dans de nombreux cas, comme dans le cas du centre de détention « XXIe Siècle » de Tapachula (Chiapas), l’accès aux installations – considérées comme de véritables prisons – leur était restreint, mais ils avaient accès aux migrants. Pour ces derniers, c’était la seule assistance juridique qu’ils pouvaient espérer recevoir sur leur chemin. C’était aussi le seul moyen de dénoncer les abus et la maltraitance à l’intérieur du centre, où les migrants sont enfermés pour une période de quelques jours à plusieurs semaines afin de « permettre aux autorités de statuer sur leur sort ».

Tapachula, à la frontière sud, voisine du Guatémala, a été transformé en véritable mur contre lequel se heurtent ceux qui fuient la misère. Un mur qu’Andrés Manuel López Obrador (AMLO), premier président mexicain de gauche depuis plus de nonante ans, a érigé pour faire plaisir à Donald Trump. Ce dernier a en effet imposé en janvier 2019 cette initiative, appelée « Rester au Mexique », en menaçant d’imposer des droits de douane sur les exportations mexicaines si le gouvernement de AMLO ne contrôlait pas le passage des migrants, notamment Guatémaltèques, Honduriens et Salvadoriens. C’est ainsi que le Mexique a militarisé ses frontières pour freiner leur passage et les maintenir éloignés de la frontière étasunienne.

Pris au piège dans cette ville de 350’000 habitants, au difficile climat chaud et humide, beaucoup n’ont qu’une option: essayer de survivre. Certains profitent de la situation et dominent celles et ceux qui n’ont d’autres choix que de vendre leur corps ou de donner quasiment leur travail.

Le Mexique a été pointé du doigt par différentes organisations dont Human Rights Watch dans son rapport annuel, indiquant que les violations des droits de l’homme se sont poursuivis depuis l’entrée en fonction fin 2018 du gouvernement AMLO. L’impunité reste la norme, notamment dans le cas de disparitions forcées, parfois massives, de torture, d’attaques et d’assassinats de journalistes indépendants, de défenseurs des droits humains et de l’environnement, mais aussi de migrants.





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Photo: Sofia Dominguez. Caravane de migrants faisant halte à Puebla, Mexique. Novembre 2018.

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