Après Jacques Tardi et Joann Sfar, le Cartoonmuseum Basel termine son exceptionnelle quarantième année d’existence avec une grande exposition rétrospective consacrée à l’auteur genevois Tom Tirabosco. Sa large palette artistique va du livre pour enfants au dessin politique. Il est l’auteur du récent roman graphique « femme sauvage », sorte de récit initiatique qui se déroule dans un future proche, en plein dérèglement climatique. La fin du monde? Non, « la fin d’un monde ».

Ce livre dessinée en noir et blanc suit le chemin d’une jeune femme qui fuit la métropole en proie à la guerre civile et les catastrophes climatiques et se apprend à survivre dans la forêt, loin de la civilisation.

Il faut dire que Tom Tirabosco est en colère contre cette notre société contemporaine et son modèle économique. Éco-anxieux, même. À 53 ans, ce militant de la cause verte depuis toujours, aime aborder en bande dessinée des sujets sociologiquement et écologiquement engagés.  « En Suisse, je suis connu pour être le dessinateur écolo de service », a-t-il déclaré il y a peu à la RTS. Cependant, ses histoires restent romanesques et allégoriques: il met en avant le plaisir de la lecture avant tout!

L’affiche de l’exposition « Wonderland » et l’auteur devant ses œuvres.

Le Genevois a aussi impulsé – avec son complice Zep –  la création de l’École supérieure de bande dessinée et d’illustration à Genève, la ville a vu naître l’inventeur de la BD moderne, Rodolphe Töpffer.

Bien qu’admirateur des grands maîtres comme Pieter Bruegel, le Titien ou Véronèse, qui l’ont poussé à étudier l’art à Venise puis à Genève, il ne peint pas au sens stricte du terme. Sa technique proche du monotype rehaussé de pastel sur papier kraft ou granuleux, avec un trait doux et arrondi lui donne un style propre, fortement reconnaissable.

L’exposition est intitulée Wonderland, un titre un peu paradoxal posé sur une affiche qui montre « un portrait un peu iconoclaste et monstrueux, d’où ressort l’idée que la fête est finie… », comme l’explique l’auteur à la RTS. Et d’ajouter: « je trouvais marrant d’y associer cette idée du monde merveilleux de Wonderland, qui fait aussi référence à album autobiographique que j’ai publié il y a trois-quatre ans, mon premier album autobiographique ».

La Graine et le Fruit, 2017.

Magnifiquement présentées dans un immeuble historique de la vieille ville de Bâle, sur trois étages, les œuvres de Tom Tirabosco sont a admirer du 23 novembre 2019 au 8 mars 2020 au Cartoonmuseum.

St. Alban Vorstadt 28, 4052 Bâle
Tél. +41 (0)61 226 33 60
Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 17h

À lire:

  • Dans l’œil de la forêt (2003): un polar au connotations sociales énormément captivant conçu de A à Z par Tirabosco en adaptant sa technique du monotype et en l’enrichissant de couleurs puissantes.
  • La fin du monde (2008) et Sous-sols (2012): en collaboration avec Pierre Wazem, ces deux ouvrages fascinent par leurs récits surréels et par la « patte » de Tirabosco. Dans le cadre d’une association subtile entre le rêve et la réalité, les biographies et les états d’âme des protagonistes sont mis en relation avec la finn du monde qui s’annonce ou avec la disparition de la lumière.
  • Kongo (2013): Le récit saisissant aux contrastes en noir et blanc relate un voyage de sept mois en Afrique de l’auteur Joseph Conrad et montre la brutalité féroce des colonialistes qui a inspiré à Conrad sa célèbre nouvelle Au cœur des ténèbres.
  •  Femme sauvage (2019): une mise en garde saisissante, presque sans paroles, des conséquences de notre relation avec la nature. La jeune héroïne du livre s’enfuit d’un environnement urbain post-apocalyptique vers les forêts montagneuses et y rencontre un être féminin sauvage, une mère originaire devenue humaine et une chamane qui la sauve d’une situation dangereuse et lui apprend à survivre en dehors de la civilisation.
Le Cri, 2015.