Le bruit des avions autour de l’EuroAirport a considérablement diminué ces derniers jours en raison de la crise du coronavirus.

À Allschwil, dans le canton de Bâle-Campagne, on en croit pas ses oreilles. « Le calme est une bénédiction », s’exclame le municipal socialiste Andreas Bammatter dans le quotidien BZ. Résident dans la commune depuis son enfance, il n’a jamais vu sa région si silencieuse. Dans sa jeunesse, il y avait moins d’avions, mais ils étaient plus bruyants.

Le transport de passagers est presque entièrement à l’arrêt. Sur les écrans, la quasi-totalité des départs et arrivées affiche en rouge « annulé », « annulliert ». La compagnie britannique EasyJet vient de cesser provisoirement l’ensemble de ses opérations aériennes. À elle seule, elle représente 60% de tous les décollages et atterrissages de l’aéroport franco-suisse.

De nombreux vols de marchandises continuent d’atterrir, même pendant la nuit. Mais comme ils n’ont pas à attendre qu’une piste d’atterrissage se libère en raison de l’absence d’avions de passagers, ils ne tournent plus en rond au-dessus de l’aéroport. Les riverains peuvent enfin dormir tranquilles.

Il n’est pas encore possible de prédire exactement quand les vols commerciaux pourront reprendre. Et s’ils reprendront comme avant, avec une perspective de croissance comme l’attendait la direction de l’EuroAirport. Si cela n’était pas le cas, il faudrait reconsidérer le projet de nouveau terminal qui prévoit d’augmenter jusqu’à 30% la capacité d’accueil de passagers, en passant de 9 millions par an actuellement à 15 millions d’ici à quelques années.

« Une nouvelle expansion et l’augmentation associée du trafic aérien à un moment où la crise climatique devient de plus en plus perceptible ne sont pas acceptables. Au contraire, l’activité de l’aéroport doit revenir à une capacité compatible avec l’accord climatique de Paris et prenant également en compte le bruit et la pollution de l’air des riverains », avait déclaré Zoë Roth du groupe local de Greenpeace début janvier.

Le journal Médiapart, dans un article intitulé « Comment vivre sans aéroports« , se demandait hier s’il n’était « peut-être temps de regarder les industries aériennes et aéroportuaires, dans l’état actuel de leur usage, comme des infrastructures nuisibles ». Il ajoute: « Le savoir-faire et les compétences des salarié·e·s et sous-traitant·e·s qui y travaillent est précieux et pourrait apporter beaucoup aux chantiers de la transition écologique, par exemple pour la fabrication et l’animation de nouvelles formes de transport collectif et l’invention d’un nouveau rapport au voyage ».

Alors que les chemins de fer autrichiens ont repris une partie des trains de nuit de la Deutsche Bahn et souhaite les développer à nouveau – ils sont une excellente alternative à l’avion pour les trajets de moins de 1000 kilomètres -, que de nombreuses associations se battent contre les grands projets climaticides (agrandissements d’aéroports, autoroutes…), la crise du coronavirus nous oblige à repenser radicalement nos modes de vie et de transports.


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